Pages

samedi 9 mars 2013

Pour la journée de la femme, j'ai assisté à Jocaste reine

Crédit: TNM 
Le Théâtre du Nouveau Monde présente jusqu'au 30 mars une relecture de l'histoire d'OEdipe. Pour la première fois depuis des siècles, on s'intéresse à l'humanité de Jocaste, reine de Thèbes, femme et mère d'OEdipe... Si on tente de décomplexer le complexe d'Oedipe sous l'oeil moqueur d'un psychanalyste, la pièce nous permet de  découvrir la véritable Jocaste interprétée divinement par Louise Marleau. 


Avant d'assister à la représentation la question suivante me tenaillait... Pourquoi Nancy Huston a voulu réécrire l'une des tragédies les plus célèbres de Sophocle ? Pour donner la parole à Jocaste vouée au silence depuis toujours et campant le rôle de la mère incestueuse ? Oui, c'est ce que Nancy Huston a voulu démontrer dans cet exercice qui respecte assez bien les règles de la tragédie classique. Sous l'oeil freudien d'un coriphée, l'histoire se déroule en une journée et ne contient qu'une seule intrigue. 

Vous connaissez le destin terrible d'OEdipe ? Après avoir triomphé du Sphinx, OEdipe épouse Jocaste, reine de Thèbes. Ils vivront plus de 20 ans d'amour et Jocaste donnera naissance à quatre enfants  : Antigone, Ismème, Polynice et Étéocle. Après 20 ans, OEdipe consulte les Oracles et ce dernier cherche à comprendre ses origines. Est-ce que Jocaste savait depuis 20 ans que ce valeureux guerrier ayant vaincu le Sphynx était son premier fils né de sa relation haineuse avec Laïos ? Est-ce qu'elle savait que ce même fils avait tué son premier mari ? Évidemment, tout dérape dans la tragédie lorsque OEdipe se rend compte que le mère de ses enfants est également sa propre mère...

Si Jocaste apparaît toujours au second plan dans les mythes et les tragédies grecques, elle prend ici toute la place. Dans une langue sublimée, Jocaste devient une mère aimante, une amoureuse passionnée et une femme libérée de toutes les superstitions qui hantent sa ville. Une femme moderne à la fois puissante et fragile. On a craqué pour le jeu de Louise Marleau, plus grande que nature dans ce rôle mythique.  On a été émue par la présence de Monique Mercure dans le rôle de la servante; toujours extraordinaire de retrouver des comédiens d'expérience sur les planches. On a finalement grandement apprécié le cynisme du choryphée (Hugues Frenette), la présence discrète, mais délicieuse d'Antigone et Ismène, mais regretté le mutisme d'Étéocle et Polynice. Mise à part ce détail, tout est bien pensé ; scène magnifique, mais épurée, des costumes somptueux, une musicienne aguerrie qui interprète des mélodies douces et sacrées. 

Un spectacle à voir même si vous ne connaissez pas la tragédie grecque. Il est facile de s'y retrouver même pour les néophytes ! 
Bon théâtre ! 




Photos: TNM 

Une coproduction Théâtre du la Bordée / Théâtre du Nouveau Monde.
Texte: Nancy Huston 
Mise en scène: Lorraine Pintal
Distribution: Hugues Frenette, Claire Gignac, Maryse Lapierre, Marianne Marceau, Louise Marleau, Monique Mercure, Jean-Sébastien Ouellette, Hubert Proulx, Éric Robidoux


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire